La capsulite de l'épaule est une maladie articulaire douloureuse, longue et invalidante à prédominance féminine.
La communauté médicale explique encore mal son mode de fonctionnement, ce qui la rend d'autant plus mystérieuse.
Qu'est ce qu'une capsulite ?
La capsulite est une affection bénigne consistant en un enraidissement douloureux, progressif et invalidant de l'articulation de l'épaule, dû à un épaississement et une rétraction de la capsule articulaire. Elle porte aussi les noms de capsulite adhésive ou syndrome de l’épaule gelée.
La capsulite rétractile de l'épaule est définie par une limitation de toutes les amplitudes de mouvement passives de l'articulation de l'épaule, sans arthropathie gléno- humérale sur les radiographies (1).
La capsulite est caractérisée par une réduction du volume de la cavité articulaire par un épaississement et une rétraction progressifs de la capsule.
Officiellement, depuis 1991, et selon l’association internationale pour l’étude de la douleur (International Association For Study of Pain) la raideur de l’épaule, dont fait partie la capsulite rétractile, est une forme clinique du Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC) type 1.(2), autrement dit une algodystrophie.
Cependant selon certains auteurs, l’absence de certains aspects typiques du SDRC (comme la « phase chaude») dans l’évolution pathologique, rendrait la capsulite rétractile différente de l'algodystrophie(3) et serait plutôt en lien avec la maladie de Dupuytren (4), évoquant donc un trouble du métabolisme du tissu conjonctif.
Les incertitudes concernant l’origine et le mode de fonctionnement de la pathologie font donc de la capsulite rétractile une maladie mystérieuse.
Quoiqu’il en soit, l'enraidissement de l'épaule est en rapport le plus souvent avec une inflammation de la synoviale, entraînant la fibrose et la rétraction de la capsule articulaire.
Forme primitive et forme secondaire
Comme son nom l’indique, la forme primitive de la capsulite rétractile de l’épaule ne serait consécutive à aucune autre pathologie ou facteur déclenchant, comme le sont les formes secondaires.
Les formes secondaires peuvent faire suite à :
Un dysfonctionnement thyroïdien,
Un diabète,
Un infarctus du myocarde,
Un accident vasculaire cérébral,
La maladie de Parkinson,
La prise de certains médicaments,
Des suites d’une chirurgie de l’épaule,
Un traumatisme de l’articulation.
La capsulite rétractile primitive serait donc idiopathique, c'est à dire dont l'origine est non connue.
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Epidémiologie
Le syndrome de l’épaule gelée touche environ 2% à 5% de la population. Les formes primitives représentent 30% des cas de capsulites rétractiles.
Quelle que soit son origine, l’âge des patients consultant pour une raideur de l’épaule varie de 40 à 60 ans.
Cette raideur est rarement observée avant l’âge de 40 ans.
Dans la majorité des cas, il s’agit de femmes (70%), le plus souvent donc en période péri-ménopausique. Il a été noté un âge moyen un peu plus élevé chez les hommes (55ans) que chez les femmes (52ans).
Selon certaines études, le plus souvent, l’épaule touchée ne serait pas la dominante. Une atteinte bilatérale simultanée des épaules a été constatée dans 6 à 17 % des cas selon les études (1).
Dans 20 à 30 % des cas, peut survenir une atteinte successive de l'épaule opposée . (8)
Symptômes
La maladie évolue cliniquement sur 3 phases :
Phase algique
La pathologie débute par une phase de douleurs, d’installation progressive et insidieuse, pouvant durer de quelques semaines à quelques mois, sur une épaule souple.
Durant cette période, la douleur d’abord nocturne, persiste dans la journée, et est accentuée par les mouvements brusques.
Rapidement, elle s’aggrave au repos pour finalement devenir insomniante, empêchant la personne de se coucher sur son épaule.
Chaque mouvement amplifie l’hyperalgie, en particulier l’abduction et la rotation externe.
Ainsi, pour soulager la douleur, la personne place instinctivement son bras en position antalgique : adduction, rotation interne, c'est à dire bras et avant-bras collé contre le tronc, coude plié.
Aucune anomalie cutanée n’est retrouvée.
Le diagnostic à ce stade est difficile voire impossible : c'est pour cette raison que bien souvent le diagnostic de tendinite du long biceps est d'abord évoqué.
Au fur et à mesure que les symptômes progressent, et que la douleur augmente, les amplitudes de mouvements active et passive deviennent plus restreintes.
Phase enraidissante
La deuxième phase de blocage progressif, aussi nommée « phase gelée » s’étend sur 3 à 12 mois.
Elle est d’évolution lente et graduelle.
En règle générale, la douleur persiste mais diminue petit à petit pendant que l’enraidissement progresse, et finit par empêcher totalement les mouvements actifs et passifs, dans tous les plans de l’espace : particulièrement l’abduction et la rotation externe.
Les muscles de la coiffe des rotateurs paraissent contractés et perdent leur élasticité.
La raideur entraîne alors une gêne fonctionnelle majeure, pouvant être handicapante dans l’exécution des gestes de la vie quotidienne (difficulté pour se coiffer, se vêtir, conduire malgré la capsulite etc…).
La personne ne peut plus lever le bras devant elle ou latéralement. La rotation externe coude au corps est difficile, mettre la main dans le dos l'est également.
Typiquement, les femmes atteintes décrivent leur impossibilité d’agrafer ou de dégrafer leur soutien-gorge.
Phase de récupération fonctionnelle
La dernière phase d’évolution clinique, aussi appelée « phase de régression » débute lorsque les amplitudes articulaires commencent à s’améliorer.
Elle dure généralement de 12 à 18 mois, mais peut s’étendre jusqu’à 42 mois.
La raideur est le plus souvent devenue indolore et la personne récupère peu à peu l’amplitude de mouvement, qui peut malgré tout rester incomplète définitivement dans certains cas.
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Causes de la capsulite primitive
Peu d’études ont été effectuées sur la capsulite rétractile primitive et ses causes restent pour l’instant méconnues.
Malgré tout, différentes explications physiopathologiques et pathogéniques ont été avancées mais toutes sont controversées et aucune ne semble prépondérante.
Cependant, plusieurs auteurs ont mentionné un terrain psychologique particulier, concernant les patients atteints de cette pathologie (9), qui pourrait être en lien avec le déclenchement du processus.
Ce «terrain» est défini comme personnalité anxieuse, dépressive, hyperémotive (labilité neurovégétative), voire hystérique.
D’autres auteurs mentionnent un traumatisme psychologique, ou simplement une «baisse de moral» (10)(11) .
Cette hypothèse est souvent évoquée dans la littérature, mais n’a jamais pu être démontrée scientifiquement.
Malgré cela, les chercheurs ayant écrit sur la capsulite abordent souvent cette constatation, qui peut sembler discutable, mais qui mérite néanmoins d’être signalée, dans la mesure où aucun autre facteur commun n’a été observé.
Plusieurs études et revues de littérature plus récentes concernant l’impact du facteur psychologique dans l'algodystrophie (toutes contradictoires) ont été menées (12) (13), mais la capsulite étant encore une forme clinique particulière de ce syndrome, il est difficile d’en tirer quelconque conclusion.
Ainsi donc, à ce jour, la capsulite rétractile primitive reste officiellement idiopathique.
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Sources :
(1) La capsulite retractile de l’épaule, la revue du rhumatisme, n°67, 2000, E.Noel, T.Thomas, T.Schaeverbeke, P.Thomas, M.Bonjean, M.Revel, p604-12
(2) Blumberg H. A new clinical approach for diagnosing reflex sympathetic dystrophy Pain research and clinical management. (vol. 4) Amsterdam: Elsevier (1991). 399-403
(3) Sociedad Mexicana de Radiología e Imagen, Dr Jean Jacques Railhac, professeur de radiologie, Toulouse
Diagnosis and management of adhesive capsulitis, Robert C. Manskecorresponding author1,2 and Daniel Prohaska3
Curr Rev Musculoskelet Med. 2008 Dec; 1(3-4): 180–189
(4) Bunker TD, Anthony PP. The pathology of frozen shoulder. A Dupuyten-like disease. J Bone Joint Surg Br. 1995 ; 77 :677–83
(5) De la peri-arthrite scapulo-humérale et des raideurs de l’épaules qui en sont la conséquence, Emanuel Simon Duplay, dans Archives générales de médecine, 1872, Vol. 20, pp. 513-542
(6) Neviaser J.S. « Adhesive capsulitis of the shoulder. Study of pathological findings in periarthritis of the shoulder » J Bone Joint Surg Am. 1945 ; 27 :211-222
(7) Seze (de) S. ; Ryckewaert A. ; Welfling et coll. Les lésions anatomiques de l'épaule bloquée. Rev. Rhum.,1960, 27, 323-327
(8) Hannafin J.A., Chiaia T.A. Adhesive capsulitis: a treatment approach Clin. Orthop. Relat. Res. 2000 ; 372 : 95-109
(9) Flemming A., Dodman S., Beer T.C., Crown S. Personality in frozen shoulder Ann Rheum Dis 1975 ; 35 : 456-457
(10) Codman E.A. The Shoulder : Boston Todd (1934). 216-224
(11) Oesterreicher W., van Dam G. Social psychological researches into brachialgia and periarthritis Arthritis Rheum 1964 ; 7 : 670-683
(12) Beerthuizen A, van ’t Spijker A, Huygen FJPM, Klein J, de Wit R. Is there an association between psychological factors and the Complex Regional Pain Syndrome type 1 (CRPS1) in adults? A systematic review. Pain. sept 2009;145(1-2):52‑9
(13) Beerthuizen A, Stronks DL, Huygen FJPM, Passchier J, Klein J, Spijker AV. The association between psychological factors and the development of complex regional pain syndrome type 1 (CRPS1)--a prospective multicenter study. Eur J Pain Lond Engl. oct 2011;15(9):971‑5.
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